Tous à vos machines! illustre les grandes lignes de l’histoire industrielle de Sherbrooke et dresse, au-delà des manufactures, un portrait des Sherbrookois et Sherbrookoises qui ont vécu cette période charnière. Divisée en six thématiques (secteurs d’activités, énergies utilisées, urbanisation, conditions de travail, transports et immigration), l’exposition propose plus de 200 éléments iconographiques et documents d’époque, une douzaine de témoignages d’anciens travailleurs ou de spécialistes, une centaine de textes courts et quelques activités pédagogiques.

Fondée en 1802, Sherbrooke amorce sa révolution industrielle un peu plus tardivement que d’autres villes du Bas-Canada telles Montréal, Québec ou Trois-Rivières. Un premier élément avantagera Sherbrooke dans ce développement rapide : le fort potentiel hydraulique de la gorge de la rivière Magog, énergie essentielle pour faire fonctionner moulins et machineries. Toutefois, l’isolement de la région jusqu’aux années 1850, dépourvue d’un réseau de transport adéquat, freine toutes tentatives industrielles durables et rentables.

L’aménagement accru de la gorge de la rivière Magog par la British American Land Company (BALCo), à partir du milieu des années 1830, et l’arrivée du chemin de fer en 1852 sont des éléments déclencheurs majeurs qui jetteront les bases de la révolution industrielle sherbrookoise. Installée à Sherbrooke en 1834, la BALCo a notamment pour mandat de stimuler la venue d’industriels à Sherbrooke ainsi que l’immigration britannique propices au développement de la région. De concert avec la BALCo, les hommes d’affaires locaux et leurs investissements de capitaux et le gouvernement municipal et ses politiques industrielles avantageuses seront primordiaux dans le développement industriel sherbrookois.

L’industrie sherbrookoise est marquée par trois phases dominantes. La première (1834 à 1866) s’illustre par l’établissement de sites artisanaux de production, de petits ateliers de moins de 20 personnes. La seconde phase (1867 à 1896) met en place de nouveaux éléments : plus de capitaux extérieurs, une diversification accrue des produits, une main-d’œuvre abondante et l’installation d’usines de grande envergure, comme la Paton en 1867. Durant la troisième phase (début 20e siècle), outre la consolidation des éléments de la phase précédente, l’électricité change radicalement la donne; elle favorise le déplacement du secteur industriel, la proximité avec l’eau n’étant plus requise.